Concevoir un programme d’aménagement urbain multi-ville permettant de renforcer la résilience des villes libanaises et leur donner les moyens d’offrir, aux Libanais et aux populations réfugiées, les infrastructures et les services urbains nécessaires à un développement socio-économique
La crise syrienne, qui a débuté en 2011, impacte fortement les capacités de gestion et le niveau de pression exercé sur les services et les infrastructures des villes libanaises. L’afflux de réfugiés, couplé à un historique d’urbanisation accrue et peu maîtrisée par les pouvoirs publics, renforce les problématiques urbaines auxquelles doivent faire face les municipalités et affecte la disponibilité et l’accès aux services urbains de base pour les populations migrantes comme pour les populations libanaises hôtes. Afin de pouvoir répondre aux besoins de la population urbaine en constante augmentation, les autorités libanaises renforcent leur intervention en faveur d’un développement urbain mieux encadré, intégré et levier d’un développement socio-économique local. A ce titre, l’initiative UPFI et ses partenaires, notamment l’AFD et la BEI, se sont engagés aux côtés du Conseil du Développement et de la Reconstruction (CDR) pour concevoir et mettre en œuvre un programme d’aménagement urbain multi-ville.
Le Liban a connu un phénomène récent d’urbanisation mais qui s’est largement répandu à la majorité des habitants. Représentant près de 40% de la population en 1960, la population urbaine s’élève aujourd’hui à plus de 90%, avec près de 64% des Libanais vivants dans les grandes agglomérations (Beyrouth et sa banlieue, Tripoli, Saïda, Zahlé et Tyr).
La vitesse de cette expansion urbaine a par ailleurs souffert d’un manque d’encadrement administratif et de régulation étatique. En conséquence, le phénomène urbain s’est étendu sur l’ensemble des surfaces disponibles et souffre d’un manque crucial d’infrastructures, de réseaux et de services urbains.
Malgré l’adoption par décret en 2009 d’un Schéma directeur d’Aménagement du Territoire Libanaise (SDATL), ce document national d’aménagement du territoire reste aujourd’hui inopposable et mis en pratique de manière aléatoire.
Les villes libanaises font donc face à des enjeux urbains protéiformes tels que la surdensité et l’étalement urbain sans intégration dans un cadre urbain cohérent, le développement de l’habitat populaire et informel en périphéries et en banlieues des centres urbains, la vulnérabilité du patrimoine bâti (habitat ancien et centres-villes historiques). Dans ce contexte, la disponibilité et l’accès aux services urbains de base fait souvent défaut dans les zones urbaines, fruits de cet étalement peu maîtrisé. Par ailleurs, l’alimentation électrique et la collecte des déchets solides sont aléatoires, et si les commerces suivent ou précèdent l’urbanisation, les services publics tels que l’administration, la voirie, les transports en communs, font dans de nombreux cas défaut.
Face à ce constat et suite à la guerre civile de 1975-1990, le Conseil du Développement et de la Reconstruction (CDR) a mis en place, dès le début des années 90, une politique de reconstruction et de développement des infrastructures, reposant essentiellement sur une approche sectorielle. Cependant, la guerre de 2006 et l’actuelle crise syrienne ont encore accentué la tendance à une expansion urbaine accélérée et manquant de cadre et de cohérence.
Le développement urbain est un enjeu majeur pour le Liban et ce pour de nombreuses raisons, au premier rang desquelles, la réponse aux besoins économiques et sociaux de la population et le soutien à la stabilisation et au développement économique du pays.
Depuis 2011, la guerre civile syrienne impacte fortement le Liban, pays limitrophe. D’après le gouvernement du Liban, le pays a accueilli depuis le début du conflit près de 1,5 millions de réfugiés syriens auxquels s’ajoutent également plus de 20 000 réfugiés non syriens, plus de 42 000 réfugiés palestiniens de Syrie et près de 35 000 libanais fuyant le conflit. Cette vague de migration a entraîné une hausse de la population de plus d’un tiers depuis le début de la crise syrienne.
La majorité des réfugiés syriens s’est installée dans les communes libanaises et vit donc désormais aux côtés des populations locales. La pression exercée sur les services et les infrastructures libanaises a considérablement augmenté et se fait particulièrement ressentir sur les services urbains et les institutions publiques qui sont surchargées. Cette surcharge impacte directement l’accès et la qualité des services de base à la fois pour les populations de réfugiés et les communautés libanaises hôtes.
Du fait de l’afflux de réfugiés dans les villes et agglomérations libanaises, les municipalités sont désormais au premier plan de cette crise migratoire et se sont donc érigées comme acteur à part entière, créant de facto une certaine décentralisation.
Cependant, une part importante de ces collectivités locales ont besoin d’un appui à la fois technique et financier pour être capables de répondre à la problématique d’un développement urbain cohérent. Les collectivités locales libanaises requièrent en effet des moyens renforcés en termes de planification urbaine, de conception et de réalisation de projets d’aménagement et d’équipements urbains, d’entretien et de maintenance.
Un aménagement urbain maîtrisé, intégré et répondant à cette problématique de la résilience est désormais une priorité pour que celui-ci crée des leviers de développement social et économique dans les villes libanaises.
A ce titre, et afin d’appuyer le CDR et les communes libanaises, UPFI et ses partenaires, soutiennent la conception et la mise en œuvre d’un Programme pour la résilience économique et urbaine au Liban (PEURL). Ce programme permettra d’englober des villes bénéficiaires de différentes tailles et plusieurs projets qui répondraient à des enjeux urbains divers : revitalisation urbaine intégrée, expansion urbaine maîtrisée et question du logement, aménagement urbain en lien avec le tourisme et la protection-revalorisation du littoral, services urbains de base comme l’électricité, les transports en lien avec la problématique de respect de l’environnement et du changement climatique, etc.
Ce programme, d’environ 100 millions d’euros, ajustable en fonction du périmètre du programme et des projets retenus, serait mis en œuvre par le CDR en étroite coordination avec les municipalités libanaises concernées (et leur fédération) et avec l’appui technique et financier de l’initiative UPFI et de ses bailleurs partenaires. L’assistance technique de finalisation de la conception du programme, de sa mise en œuvre et du suivi des sous-projets a fait également partie intégrante du PEURL et a été mise en place auprès de la maîtrise d’ouvrage, le CDR, et des municipalités libanaises bénéficiaires.
Ce PEURL serait mis en œuvre avec l’appui des bailleurs AFD et BEI, notamment dans le cadre des initiatives européennes d’appui à la résilience économique des pays du voisinage sud de l’UE, déclenchées suite aux crises migratoires.
Ce programme de développement urbain multi-ville, identifié dans le cadre de l’initiative UPFI en décembre 2016 a été ajouté, lors du second trimestre de 2017, à la liste des projets bénéficiant de la phase 2 d’UPFI. A ce titre, les groupements de bureaux d’études attributaires de l’Accord-cadre UPFI ont été sollicités en avril 2017 pour une prestation d’assistance technique. La préparation du Programme pour la résilience économique et urbaine au Liban a démarré en juin 2017.
Cette mission de préparation, qui est co-pilotée par l’AFD et la BEI, visait à appuyer les autorités libanaises, et en particulier le CDR, dans la définition du PEURL, notamment en matière de cohérence avec le SDATL, d’articulation avec les initiatives d’autres bailleurs au Liban (Banque mondiale notamment), d’adéquation avec les critères de l’initiative UPFI, de dimensionnement de l’opération et d’identification des villes bénéficiaires, de montage institutionnel, opérationnel et financier du programme.
Cette assistance technique devait aboutir, par une préparation approfondie, à la conception d’un programme multi-ville à la programmation adaptée et au montage opérationnel, technique et financier adéquat, permettant de mobiliser des financements, notamment ceux des bailleurs de l’initiative UPFI, et de maximiser les impacts socio-économiques des projets de développement urbain qui seront réalisés dans le cadre de ce PDUMV.
L’assistance technique de préparation du projet a été réalisée de juillet 2017 à septembre 2018 et a permis de :
A l’issue de cette préparation de programme, l’AFD et la BEI ont avancé avec l’UE dans le financement du PEURL. En vue du lancement de la mise en œuvre du programme, UPFI a poursuivi son appui au CDR en mobilisant une assistance technique dédiée au démarrage du PEURL dans la continuité de l’assistance technique de préparation du programme. Cette assistance au démarrage a pris fin en 2020.
Le projet est encore incertain.
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Le Programme d’aménagement urbain multi-ville Liban a été identifié par les partenaires d’UPFI en 2016 et a bénéficié d’une Assistance Technique à la préparation du programme (identification des villes et des projets urbains, montage institutionnel et financier du programme). Cet appui à la préparation a permis de sélectionner les 9 villes bénéficiaires (El Mina, Jbeil, Saïda, Tyr, Aaley, Balbeck, Halba, Nabatiyeh et Zahlé) et de recentrer le programme sur les questions de résilience urbaine et économique (Program for Economic and Urban Resilience in Lebanon – PEURL). L’UPFI poursuit son accompagnement au PEURL en préparant la mise en œuvre d’une nouvelle Assistance Technique destinée à accompagner le CDR dans le lancement du programme. L’appel d’offres pour sélectionner l’équipe de l’assistance technique est en cours.
L’Agence française de développement et la Banque européenne d’investissement, à travers l’Accord-cadre UPFI, ont lancé la préparation du programme d’aménagement urbain multi-ville au Liban. Ce nouveau projet a été identifié, entre fin 2016 et le trimestre 1 de 2017, dans le cadre d’une relance de l’identification de projets UPFI. Les activités de l’assistance technique visent à appuyer le Conseil de Développement et de Reconstruction à définir et à concevoir ce programme multi-ville. La prestation, menée par le groupement de bureaux d’études attributaire, a démarré en juin 2017.