Kawmeya, modèle de réaménagement urbain durable en quartier précaire
Depuis la fin des années 90 le gouvernorat de Giza, soutenu par les autorités nationales égyptiennes puis l’Initiative pour le Financement de Projets Urbains – UPFI, a lancé un vaste projet de redéveloppement urbain intégré au bénéfice des 950 000 habitants des districts d’Imbaba et d’Al Warrak au nord de Giza souffrant d’une urbanisation incontrôlée et de conditions de vie détériorées.
Après avoir urbanisé la friche aéroportuaire d’Imbaba au cours des années 2000, le gouvernorat de Giza cible désormais le secteur de Kawmeya qui sera bientôt desservi par la ligne 3 du métro.
Ce projet de redéveloppement urbain qui s’étend sur 70 hectares et touche 50 000 personnes déploiera des équipements collectifs de base, soutiendra des activités génératrices d’emploi et de revenus et aménagera des espaces publics ouverts. La programmation visera à intégrer les problématiques de genre et de lutte contre le changement climatique.
Le gouvernorat de Giza se situe à 6 kilomètres au Nord-Ouest du centre-ville du Caire. Le secteur de Giza Nord est constitué de deux principaux quartiers : le quartier d’Imbaba au Sud et le quartier d’Al Warrak au Nord. La surface totale du secteur de Giza Nord est d’environ 1 319 hectares, avec une population de près de 878 000 habitants en 2006, ce qui en fait la zone urbaine non aménagée la plus peuplée d’Egypte.
Souffrant d’une urbanisation rapide et incontrôlée qui affecte sa population principalement constituée de ménages à faibles ou moyens revenus, Giza Nord manque cruellement de services publics et d’infrastructures tels que centres hospitaliers, écoles et autres espaces culturels et publics. Les réseaux de distribution d’eau potable, la collecte des déchets solides, les systèmes d’évacuation et d’assainissement sont inappropriés et délabrés. La plupart des logements sont détériorés. Il y a un manque chronique de transports en commun sur un réseau routier inadéquat encombré par des constructions et des activités économiques informelles.
Ces problèmes se sont sensiblement aggravés depuis les années 1990 avec l’augmentation rapide de la population, créant des conditions socio-économiques préoccupantes et de hauts niveaux de pauvreté dans de nombreuses zones de Giza Nord.
Face à ce constat, les autorités nationales et locales égyptiennes ont décidé de réaménager l’espace urbain afin de développer des services publics efficaces et de qualité pour les habitants de ces quartiers défavorisés.
Le réaménagement des quartiers d’Imbaba et d’Al Warrak dans le cadre de l’Initiative pour le Financement de Projets Urbains – UPFI – s’est déroulé suivant deux axes.
Le premier axe concerne la transformation du terrain de l’ancien aéroport d’Imbaba en une zone urbaine à usages mixtes. La programmation urbaine comprend le développement d’infrastructures et de services publics accessibles aux habitants des zones riveraines, la construction d’un quartier résidentiel, l’implantation d’espaces verts publics ainsi que la création d’une zone mixte dédiée aux investissements publics et privés. La réutilisation de l’emprise de l’ancien aéroport pour de nouveaux programmes urbains, et l’extension de l’avenue Ahmad ‘Orabi, cruciale pour la circulation routière, complètent le volet logistique de ce premier axe.
Le second axe vise à améliorer les conditions de vie des habitants d’Al Warrak et d’Imbaba à travers une approche de développement urbain intégré. Il comprend à son tour trois composantes centrées sur la réhabilitation et la rénovation du secteur de Kawmeya situé à cheval sur ces deux quartiers.
Le gouvernorat de Giza est l’institution porteuse du projet UPFI d’Imbaba et Al Warrak, travaillant en partenariat avec l’Organisme Central de Planification Physique (General Organization for Physical Planning – GOPP) et l’Autorité Centrale de Développement (Central Development Authority – CDA), tous deux affiliés au Ministère du Logement, des Services et du Développement Urbain. Ces institutions ont développé le projet urbain et initié la mise en œuvre des activités de réutilisation du terrain de l’ancien aéroport d’Imbaba.
A leurs côtés se sont également mobilisés les Ministères des Affaires Etrangères, du Logement, de l’Environnement et de la Santé en collaboration étroite avec les représentants des communautés locales, les organisations de la société civile et le secteur privé.
L’ambition de ce projet UPFI de développement intégré et sa force de réplicabilité dans la région méditerranéenne ont motivé sa labellisation par l’UpM et ses 43 pays membres en 2014.
Les parties prenantes égyptiennes et les consultants, mobilisés par UPFI, explorent, par ailleurs, une potentielle seconde phase de ce projet de développement urbain intégré. En effet, une opportunité de régénération urbaine supplémentaire est à l’étude. Celle-ci consiste en la mise en œuvre d’un plan d’aménagement urbain dans le secteur situé en parallèle de la ligne de métro 3, actuellement en construction, entre la Ring Road et la station Rod El Farrag Corridor. Cette zone urbaine d’environ 1 500 hectares localisée à l’ouest des quartiers d’Imbaba et d’Al Warrak est depuis la décennie 2000 impactée par une vaste extension de l’habitat informel et une croissance démographique et urbaine très rapide.
Dans le cadre de la phase 2 de la préparation de l’initiative UPFI, une mission d’assistance technique de renforcement des capacités du gouvernorat de Giza et des parties prenantes locales, ainsi qu’une étude de faisabilité axée sur le redéveloppement du secteur de Kawmeya ont été menées par l’AFD.
La faisabilité de mise en œuvre du plan complémentaire d’aménagement urbain du secteur Ouest de la Ring Road a également été étudiée.
En avril 2016, les premières conclusions de cette étude de faisabilité, pilotée par l’Agence française de développement, ont été présentées lors du second Comité de Pilotage du projet qui s’est déroulé au Caire en présence des parties prenantes égyptiennes concernées et de la Banque européenne d’investissement (BEI). En janvier 2017, l’équipe d’experts mobilisés sur cette étude a remis le troisième rapport de la prestation d’assistance technique, qui présentait notamment le premier montage institutionnel et financier du projet ainsi que l’avancée de l’étude de faisabilité urbaine et des enquêtes de terrain menées.
En janvier 2017, une étude complémentaire portant sur l’étude d’impact environnemental et social du projet a été conduite par l’équipe d’experts.
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En janvier 2017, la mission d’assistance technique et d’étude de faisabilité, menée par les experts mobilisés sur ce projet, a été élargie avec une prestation d’assistance technique complémentaire portant sur l’étude d’impact environnemental et social du projet urbain d’Imbaba.